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Conseils
Les séjours linguistiques coûtent cher. Mais il existe plusieurs solutions pour partir à moindre frais, notamment en prenant part à des programmes « chantiers internationaux de bénévoles ». J’ai eu l’occasion d’enquêter sur ces programmes peu médiatisés, donc méconnus du grand public, afin de comprendre leur fonctionnement et de vous faire découvrir cette attrayante alternative aux séjours linguistiques.  Souvent appelés, en raccourci, « chantiers de travail », ces chantiers sont des programmes pendant lesquels les candidats s’engagent  sur une période longue, mais aussi plus courte, pour travailler collectivement et bénévolement sur un projet d’intérêt général, dans un esprit de solidarité et de partage interculturel. Rénover ou restaurer une école, protéger des espèces animales menacées, animer un orphelinat, désherber des champs de réserves naturels, construire des espaces pour un centre social, … les projets sont aussi divers et variés que les régions du monde où ils se situent. S’il est tout à fait possible de mener un chantier bénévole en France, je me suis focalisée, pour les besoins de mon enquête, sur les chantiers réalisés à l’étranger, appelés les « chantiers internationaux ». Qu’ils soient localisés en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique du Nord ou en Amérique du Sud, ces programmes sont proposés sur plus d’une cinquantaine de destinations. Selon la période de l’année, l’éventail des projets est plus ou moins large. La langue parlée est généralement l’anglais – un atout majeur pour bien progresser en expression orale et assimiler des locutions propres au chantier sur lequel on travaille.

Le programme « chantier » ne rime pas forcément avec travaux ou expertise

séjour linguitstique international

Dans un programme de chantier international le mot « chantier » n’est pas forcément associé à la notion de  « bâtiment », ni même synonyme de travaux physiques. Même si la majorité de programmes est destinée à restaurer le patrimoine, il existe aussi des projets consacrés à l’aide apportée à une communauté en difficulté ou à la préservation de la biodiversité. Si l’on décide de s’engager dans un projet plus axé sur la restauration patrimoniale, il n’est pas nécessaire d’avoir une expérience préalable. Les chantiers sont encadrés par des animateurs qui apprennent aux participants les techniques qu’ils utilisent et les méthodes qu’il convient d’appliquer. « Pas la peine d’être maçon pour s’engager dans un chantier de reconstruction » précise Céline Portero, chargée de communication au réseau Cotravaux. « L’un des buts de ces programmes est d’apprendre de nouvelles techniques et de s’initier à des manières différentes de travailler. Il ne faut donc ni de prérequis ni d’expertise préalable lorsqu’on choisit son chantier. » Si vous aimez travailler avec les enfants et que vous avez une expérience précédente, il est possible d’identifier des programmes visant à aider des jeunes en difficulté ou permettant de travailler dans un orphelinat. Tous les amateurs du sport pourront coacher une équipe de handi-sport ou animer un groupe de jeunes footballeurs issus de milieux défavorisés.  D’autres projets peuvent être menés en lien avec les personnes âgées : c’est ce qu’on appelle un « projet intergénérationnel ». Sarah, étudiante en droit à Paris s’est engagée dans un chantier dont la mission consistait à créer des potagers avec l’aide des résidents d’une maison de retraite en Espagne. Jean, qui prépare à passer son CAPES pour devenir enseignant, a travaillé dans un ranch où l’on entraîne des chevaux qui accompagneront des personnes à mobilité réduite. Le mot « travailler » peut donc s’appliquer à n’importe quelle mission, mais le mot « chantier » a une valeur assez symbolique. Il faut être prêt à donner de sa personne, dégager  une véritable énergie  et être capable de transmettre ses propres connaissances. Mais, ce qui est le plus important, selon Celine Portero, c’est l’envie d’une expérience collective : « Nous sommes souvent contactés par des gens qui veulent donner du sens à leurs congés. Ils nous appellent en disant qu’ils veulent faire partie d’un projet solidaire. » Selon Mme Portero, les participants aux chantiers internationaux ne sont pas seulement animés par une envie d’échanges interculturels mais aussi par une grande soif de découverte.  « On part dans des pays qu’on ne connaît pas, dont on ne parle pas forcément la langue ». Ils sont donc confrontés, en permanence, à de nouveaux défis.

Chantier de travail international : la vie au quotidien 

adolescents chantiers internationaux

Lorsqu’on s’engage sur un chantier de travail, il faut savoir qu’on fait partie d’une communauté qui travaille et vit ensemble. Selon le projet, le groupe peut être constitué d’une poignée de personnes – entre 5 et 10 personnes –  comme il peut être composé d’une trentaine de bénévoles. La majeure partie de la journée est consacrée au projet collectif concerné, limité à un certain nombre d’heures comme il est précisé dans le descriptif de projet. Le temps libre, les pauses, et les repas sont aussi décrits dans les programmes dont il est question. En ce qui concerne le logement, la formule et le niveau de confort varient sensiblement en fonction du programme choisi. Sur certains chantiers, on est logé sur place comme sur un campement, alors que d’autres chantiers positionnent les logements à quelques encablures du lieu de travail. Parfois on doit prendre les transports en commun pour s’y rendre ou un minibus appartenant à l’organisme. D’autres formules également proposées permettent aux participants de prendre le vélo ou de faire le trajet à pied. Quant au type de logement à proprement parlé, l’offre est également très diverse : des résidences, des maisons, voire des cabanes…Il faut être prêt à sortir de sa zone de confort lorsqu’on s’engage sur un chantier bénévole ! À titre d’exemple, certains chantiers exigent que les volontaires apportent leur sac de couchage, ce qui ne signifie pas forcément qu’on dormira dans une tente, même si c’est vraisemblable. Selon Fabrice Duffaud de l’association Rempart, spécialisée dans la restauration de bâtiments, quelques destinations sont réputées pour avoir un niveau de confort élevé : il cite l’exemple de l’Italie. D’autres destinations peuvent offrir des conditions de vie extrêmement simples. Quant aux repas, il faut également être disposé à accepter une grande variété de situations. En général, le principe d’un chantier international est fondé sur le « vivre ensemble », y compris la répartition des tâches lors de la préparation des repas. Le temps consacré à la cuisine est donc un temps de partage et d’échanges culturels. Il n’est pas rare que les habitants du lieu apportent leur contribution en proposant des légumes de leur jardin ou en cuisinant pour le groupe. Certains programmes engagent même des personnes spécialement assignées à la cuisine, mais la grande majorité de chantiers est organisée de façon à ce que le groupe assure collectivement ces tâches du quotidien. Quant aux possibilités de visiter la région et de quitter le chantier, les week-ends sont généralement consacrés à la visite et à la découverte de la région – ce qui permet aussi de s’évader un peu du chantier ! Ces activités sont organisées avec le groupe et, parfois même, en compagnie des habitants du lieu. 

Peut-on progresser dans une langue étrangère en participant à un chantier de travail international ?

chantiers internationauxSur les chantiers internationaux accueillant des bénévoles venant des quatre coins du monde, l’anglais s’impose, dans l’écrasante majorité des cas, comme la langue véhiculaire. Sur certains chantiers, en revanche, la langue utilisée par tous les participants au projet sera celle du pays où se situe le chantier. Selon Fabrice Duffaud, les destinations comme l’Italie ou l’Espagne ont un grand nombre de bénévoles issus du pays même, et il est donc logique de privilégier la langue locale. C’est également le cas pour la Chine. Mais pour ce qui est des autres pays, on aura plus tendance à parler l’anglais, une manière pour les participants d’améliorer sensiblement leur pratique orale de cette langue. Céline Portero, chargée de la communication chez Cotravaux, préfère mettre en garde les participants qui souhaitent s’engager dans ce type de projet, mais qui ont pour seul but celui de faire des progrès notables dans la langue étrangère : «Nous insistons bien sur le fait que les chantiers internationaux ne sont pas des stages d’apprentissage linguistiques. Améliorer son anglais pourrait très bien se concevoir comme un objectif secondaire sur ce type de programme, mais ceci ne doit pas être la raison principale pour décider de s’engager dans un chantier international ». Cependant, force est de constater que les avis sur la question varient beaucoup selon les différents responsables de programmes chantiers. Chez Rempart les bénévoles participant à leurs programmes de restauration peuvent choisir leur chantier en fonction de la langue parlée sur le site,  avec l’objectif prioritaire de bien progresser dans cette langue. « Sur nos chantiers en Grande Bretagne, la majorité des participants à chaque projet sont originaires de l’Angleterre. Nous faisons volontairement en sorte d’introduire un petit nombre de participants français sur chaque projet afin qu’ils puissent tirer un maximum de l’échange interculturelle. » Un principe que l’association s’applique à toutes ses destinations, celle-ci met un soin particulier à constituer des groupes, quitte à faire partir moins de participants – la qualité plutôt que la quantité…

Comment choisir parmi les programmes de chantiers internationaux ?

En France, plusieurs organismes proposent des chantiers de travail, mais seule une infime partie d’entre eux – dix environ – ont des chantiers internationaux dans leurs offres. La majeure partie de ces programmes est ouverte aux jeunes à partir de 18 ans. Seule quelques associations proposent des programmes aux mineurs à partir de 15 ans. L’ensemble des organismes ont mis en place des sites Internet très conviviaux, vous permettant de trouver les descriptifs détaillés des programmes. Grâce aux moteurs de recherche sur le site, on peut chercher des programmes par pays, date, et parfois type de chantier. Les descriptifs indiquent en général le type de logement, le coût du programme, parfois même, la simulation du trajet depuis la France, ainsi que le nombre d’heures obligatoires à consacrer au chantier. Pour une première approche, vous pouvez consulter sur le site de Cotravaux, un réseau d’associations qui promeut des engagements volontaires et des actions de solidarité et d’échanges interculturelles. Depuis leur site on peut accéder à l’ensemble des organismes qui proposent des chantiers internationaux de bénévoles. Ensuite, on peut rechercher son programme. Préparez-vous à consacrer beaucoup de temps à votre recherche, car l’offre est vaste et les programmes nombreux, surtout si vous ciblez un séjour estival. Selon Celine Portero, chargée de communication chez Cotravaux, les programmes sont généralement mise en ligne en février ou mars pour l’été suivant. Prenez de l’avance, surtout si vous êtes mineur et souhaitez partir dans le cadre d’un programme junior. L’offre s’adressant aux moins de 18 ans est plutôt restreinte et les places sont limitées. Certains organismes se consacrent entièrement aux projets de restauration. C’est le cas de Rempart, organisateur de chantiers spécialisés dans la restauration des sites de patrimoine. Pour promouvoir les chantiers internationaux, Rempart a noué des partenariats à l’échelle mondiale avec des organismes de restauration. Leurs projets permettent des échanges interculturelles très diverses et une véritable immersion en langue étrangère. Que ça soit l’anglais, l’espagnol ou l’italien, Rempart propose des programmes où on peut progresser en langue étrangère de manière importante. Compte tenu de la faible représentativité des participants francophones sur les chantiers de Rempart, ils se doivent s’échanger dans la langue locale en permanence. 

Les « plus » des chantiers internationaux

Les chantiers internationaux de bénévoles sont un véritable plate-forme d’échanges interculturelles à travers laquelle il est possible de progresser dans une langue étrangère tout en plongeant dans la diversité de pratiques éducatives et sociales. Le coût de ces programmes est minime. Chaque association a des frais d’inscription. À ceux-ci, il faut ajouter le coût du trajet et les frais de participation qui avoisinent les 200 euros pour les participants majeurs et une fourchette comprise entre 300 et 400 euros pour les mineurs. De ce fait, ces programmes juniors engendrent plus de frais car un encadrement plus important s’impose : un détail non négligeable pour les parents ! Certains programmes demandent des frais de participation plus importants, car ils n’ont bénéficié d’aucune subvention locale. Mais parfois on peut trouver des projets ayant bénéficié de subventions tardives, permettant ainsi de rembourser les bénévoles d’une partie de leur participation.  Les chantiers internationaux constituent donc une alternative unique à un séjour linguistique classique. La plupart des programmes sont organisés pendant l’été, même si certaines associations proposent des projets tout au long de l’année. Ce qu’il faut savoir, c’est que certaines destinations ou certains programmes sont très prisés et disposent d’un nombre de places limitées. Fabrice Duffaud, chargé de l’international au sein de Remparts recommande aux candidats de consulter le site dès le mois de mars s’ils souhaitent partir en été.  Pour ceux souhaitant partir dès le mois de juin, je vous conseille de vous y prendre dès février, dès le moment où les programmes sont publiés sur les sites des organismes. Consultez régulièrement les sites et n’hésitez pas à contacter les organismes en cas de questions.  Des bénévoles répondront à vos interrogations par téléphone et seront heureux de vous aider dans vos recherches. Enfin, pour avoir mené ma propre enquête, j’ai une bonne connaissance des spécificités de chacun des organismes. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des conseils plus personnalisés sur ces programmes. Surtout, n’oubliez pas que ce type d’expérience peut changer le cours de votre vie. Que vous partez pour perfectionner une langue étrangère ou simplement pour vivre une expérience interculturelle, les programmes « chantiers » peuvent provoquer des rencontres uniques et des apprentissages parfois rare, inattendus et extrêmement enrichissantes. Osez faire le pas !    
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